Description du projet

Huile sur papier marouflé sur toile

Dimensions : 11 cm x 16,5 cm

Dimensions avec châssis : 18 cm x 24 cm

Monogrammée en bas à droite : GS

La Ciotat chantier naval 1954

Gérard Singer (1929 – 2007)

Né en 1929, Gérard Singer dessine et peint dès son plus jeune âge. Il participe ainsi pour la première fois au Salon des Indépendants de 1937 alors qu’il n’a que huit ans, participation qu’il renouvellera les années suivantes. Réfugié dans le midi pendant la guerre avec sa famille, il n’interrompt pas pour autant son activité et dessine le maquis. A la Libération, il s’inscrit dans l’atelier de la Grande-Chaumière. Il y reçoit son premier enseignement artistique.

Il adhère également au parti communiste. En écho à ses convictions politiques, Singer devient un peintre engagé illustrant la réalité du quotidien socialiste. Il s’inscrit ainsi dans le mouvement du réalisme socialiste qui veut répercuter dans une peinture figurative, une vérité implacable et objective du quotidien du prolétariat. Le Tourneur et La Quille reproduisent à grande échelle cette réalité du travail.

Cette peinture « Art du parti » fut au centre de polémiques, notamment à l’occasion du Salon d’Automne de 1950. Singer y présente le grand tableau Le 10 février 1950 à Nice montrant des travailleurs jetant à la mer une rampe de V2. Celui-ci fut dénoncé comme œuvre de propagande politique par le gouvernement de l’époque qui ordonna son décrochage par la police avec sept autres toiles.

A la fin des années 1950

Gérard Singer se détourne de la peinture figurative au contact des matériaux, blocs électriques et transformateurs du Centre atomique de Saclay. Singer avait obtenu une autorisation spéciale pour étudier l’architecture de ce premier laboratoire atomique de France en été 1958. Ces peintures sont présentées en 1959 à la Galerie Lorenceau. Saclay sera une expérience charnière dans l’œuvre de l’artiste. Elle lui permet d’évoluer vers une construction abstraite de l’espace et d’enchaîner sur ses recherches sur la matière et les formes qui transformeront progressivement le peintre en sculpteur. L’intérêt de Singer se déplace de la surface vers l’occupation de l’espace.

Au cours des années 1960

Gérard Singer expérimente le relief. Il teste les matières, les textures et en découvre la puissance de l’expressivité tout comme nombre d’artistes européens de l’époque, tels que Staël, Dubuffet ou encore Tapiés. De plus, les aspirations personnelles de Singer attisent encore le désir d’élévation. Grand passionné d’alpinisme, Singer construit ses sculptures comme on escalade un mur : il monte par des élévations de strates successives une structure, qui au départ d’une surface plane, prend la forme d’une sculpture. Les réalisations monumentales qu’il réalise alors témoignent de cette emprunte rocheuse. Il conçoit dans ces années-là des reliefs muraux d’envergures pour les lycées d’Orthez et de Vincennes, et travaille à ses premières sculptures cheminement : présentation du Passage pour l’autre côté au Musée Galliera (1965, sculpture bleue de 4 m par 6 m), la Girouette romaine (1966) pour la Caisse des Dépôts et Consignation de la ville de Marseille, l’Abulomire (1968, présentation à la Galerie Jeanne-Bucher, 1971 implantation à Vitry-sur-Seine). Au cours de ces différents projets, Gérard Singer met au point sa technique : l’utilisation de moules en polystyrène expansé qu’il façonne en négatif dans lesquels il coule du béton blanc ou de la résine.

En 1967

Il élabore un nouveau procédé de transformation du plastique au moyen du thermoformage. C’est également cette année là qu’il rencontre Dubuffet qui deviendra un ami proche. Il sera présent tout au long de sa carrière et y jouera un rôle important. C’est lui qui présentera Singer à Jean-François Jaeger, directeur de la Galerie Jeanne-Bucher, rencontre qui marquera le début d’une longue collaboration. En 1968, il présente à la Galerie Jean-Bucher L’Abulomire qui reçu un très bon accueil des critiques. Tout comme quelques années plus tard, en 1972, Les Oliobulles. L’affiche de l’exposition même est un manifeste en soit. La machine qu’utilise Singer pour ces thermoformages est à Ivry, à l’enseigne de Vacuart. Elle permet à partir d’un moule en négatif – ou sans moule en ce qui concerne les Bubulles – d’imprimer sous vide un motif en relief sur une plaque de pvc.

Les années 1970-1980

Ce sont les années de succès au cours desquelles Gérard Singer réalise ses plus grands chantiers : Le Déambulatoire (1972-1976), promenade monumentale en résine bleu à Evry, le projet du Grand Intercalaire (1974) pour l’Esplanade de la Défense qui ne sera pas réalisé.

De 1978 à 1982

L’artiste se consacre à la réalisation du Cheminement de l’Isle-d’Abeau pour le Lycée Saint-Bonnet. Celui-ci relie par une passerelle en béton supporté cette formation rocheuse caractéristique de l’école et la ville. Ce projet représente une phase déterminante dans le combat de Singer à montrer qu’un artiste contemporain est capable de mener à bien, et de façon indépendante, un projet architectural d’envergure.

Gérard Singer gagne encore en notoriété avec l’exposition du Permutant, dispositif paysagé à la Galerie Jeanne-Bucher en 1983. Elle obtient
un grand retentissement dans la presse, interrogeant sur le rôle de la sculpture dans la nature et dans la ville.

Enfin, la carrière du sculpteur-architecte culmine avec le Canyoneaustrate.

Cette imposante fontaine située dans le prolongement du Palais des Omnisport de Bercy à Paris marque l’accomplissement de l’artiste. Le projet, commencé en 1982, est inauguré par Jacques Chirac, alors maire de Paris, le 26 octobre
1988. Il s’agit d’une sculpture-chute d’eau de 40 m de côté, composé d’un bassin au centre duquel se présente un « canyon » formé sur des
strates rocheuses sur lesquelles ruisselle l’eau. A l’inverse des fontaines traditionnelles qui expulsent par jets l’eau au dessus du bassin, le Canyoneaustrate « se propose comme un lac s’écoulant en cascade dans un canyon pour rendre à l’élément liquide sa signification vitale et nourricière », tel que l’expliquait Jean-Luc Daval dans l’Aventure de la sculpture moderne.1

En 1990

Gérard Singer parachève son oeuvre en s’intéressant à un nouveau mode de production artistique, l’informatique, en tant qu’outil de mesure et de création. En 1990, il présente à la Galerie Jeanne-Bucher ses dessins par ordinateur qui font événement. Jean-Luc Daval explique que Singer « s’intéresse à l’informatique car elle représente pour lui un autre moyen artistiquement vierge de réminiscence, où la liberté est donc totale. »2 « L’ordinateur lui permet de tourner autour de ses objets de pénétrer la troisième dimension, de faire bouger en bougeant, d’agir sur la couleur et la lumière, de décadrer, d’approcher et d’éloigner, de juxtaposer des séquences… »3

En 1991, Gérard Singer victime d’un AVC ne peut poursuivre ses recherches. Il décède en 2007, laissant à son atelier de la rue de Vaugirard les œuvres de ses débuts qu’il avait conservées pour lui, ses études et projets pour les sculptures, ainsi que ses dernières œuvres par
ordinateur.

Une vente de ses peintures a été proposée par son épouse Claudette Singer en juin 2016. Celle-ci s’est déroulée au sein de la Galerie Les Échappées de l’Art.

Très récemment un ensemble d’œuvres a été présenté à la vente le vendredi 5 avril 2019 par la société de ventes aux enchères Auction Art Rémy Lefur et Associés.

http://www.auctionartparis.com/ventes-aux-encheres-446/2019-04-05-arts-du-xxeme-atelier-gerard-singer-1929-2007

Biographie de l’artiste réalisée par Simon MEYNEN

1 Jean-Luc Daval, L’Aventure de la sculpture
moderne, Genève, Skira, 1988. Cité dans Bernard
Ceysson, Jean-Luc Daval et Daniel Abadie, Gérard
Singer, Genève, Skira, 1995, p. 126.
2 Bernard Ceysson, Jean-Luc Daval et Daniel Abadie,
Gérard Singer, Genève, Skira, 1995, p. 88.
3 Ibid., p. 94.

 

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